«Camilla peut être le pilier du prince Charles, comme le prince Philip le fut pour la reine», titrait le Telegraph, ce dimanche 6 février. Comme le quotidien britannique, nombreux sont les médias qui ont réagi à l’annonce-surprise formulée par Elizabeth II, à l’occasion du 70e anniversaire de son règne, pour exprimer, tour à tour, leur scepticisme ou leur enthousiasme.

La souveraine a en effet révélé, le 5 février, que Camilla Parker Bowles, duchesse de Cornouailles, deviendrait un jour reine consort. «Lorsque le moment sera venu, et que mon fils Charles deviendra roi, je sais que vous lui apporterez, ainsi qu’à son épouse Camilla, le même soutien que celui que vous m’avez apporté», a poursuivi le monarque. Si la deuxième épouse du prince Charles a longtemps eu mauvaise presse, beaucoup de médias anglais s'inclinent aujourd'hui devant son irrésistible ascension.

«La monarchie va prospérer sous le règne de Camilla», prédit même le Daily Mail, ce lundi 7 février. Le tabloïd a ainsi qualifié la décision de la reine de «geste merveilleux et adorable, mais également sage et raisonné». Succéder à Lady Diana n’était certes «pas facile» pour la duchesse de Cornouailles, insiste le quotidien. «Mais grâce à sa dignité silencieuse, à son humour et à sa compassion visible, elle a relevé le défi.» The Spectator salue également le retour en grâce progressif de Camilla, après une longue traversée du désert. «Cette perspective autrefois farfelue est devenue réalité (…) grâce à cette intervention extraordinaire de la reine», a ainsi souligné Peter Hunt dans un article intitulé «Comment Camilla est sortie de l’ombre».

"Nous étions trois dans ce mariage"

Avant de poursuivre : «Aucune personne sensée n'aurait misé sur un tel résultat en novembre 1995, après que Diana, princesse de Galles, a déclaré dans sa tristement célèbre interview accordée à «Panorama» : "Nous étions trois dans ce mariage."» En 1995, Lady Diana avait en effet confirmé à la télévision anglaise que son époux entretenait une liaison avec Camilla Parker Bowles. Ce qui n’avait pas aidé cette dernière à se faire une place dans le cœur des Britanniques.

«Consciente de cette antipathie – et des sondages qui disaient que les gens ne supporteraient pas le couronnement de Camilla – la reine a pris son temps», poursuit Peter Hunt. Au point qu’à l’époque du mariage entre le prince Charles avec Camilla Parker-Bowles, en 2005 - soit huit ans après le décès de Lady Diana – le palais royal annonçait que la duchesse deviendrait princesse consort, et non reine consort, après le couronnement de son époux. Deux décennies plus tard, le correspondant royal Richard Palmer qualifie l'annonce d'Elizabeth II d'«énorme revirement».

Opération reconquête

La partie n'a pas toujours été simple pour Camilla de Cornouailles. Celle-ci s'est donc lancée dans une véritable opération reconquête. D’abord, auprès des Britanniques. «Comment la duchesse Camilla a gagné le cœur du public», titrait ainsi le Telegraph, le 6 février. Réponse : «17 ans de planification, sondages et persuasion». En pleine débâcle du «Megxit», la duchesse a, par ailleurs, «contribué avec discrétion à ce qu’il reste de la stabilité royale», estime le journal.

«Camilla a surmonté l’hostilité du public qui, dans les années 1990 et 2000, la blâmait souvent pour l’échec du mariage du prince Charles et de la princesse Diana», abonde Richard Palmer, non sans rappeler que les sondages ont «constamment» démontré l'opposition des Britanniques à l'idée que Camilla devienne reine consort. La duchesse de Cornouailles a pourtant su se faire une place, y compris auprès des médias anglais. «Camilla a été rusée, déclare Peter Hunt. Elle est demeurée proche des médias, et encore plus proche du Daily Mail

En vidéo, l'intriguant clin d'œil de Camilla de Cornouailles à son garde du corps

"J'accepte le verdict de la reine"

Pourtant, un édito du journaliste Dan Wootton, publié dans le même Daily Mail, ne joue pas exactement en la faveur de Camilla. «L’idée que Camilla devienne reine me met profondément mal à l’aise», débute ainsi le Néo-Zélandais, qui déclare néanmoins «accepter le verdict de la reine, basé sur l'idée qu'un statut royal se mérite, du fait de la bonne conduite et de l’engagement» de celui qui en hérite. «Harry et Meghan devraient prendre exemple», suggère même le reporter.

À l'inverse, l’écrivain Hugo Vickers qualifie la décision de la reine de «coup de maître» dans les colonnes du quotidien. «Il ne fait aucun doute que Camilla est une épouse exemplaire et un membre modèle de la famille royale depuis son mariage avec Charles en 2005, explique-t-il. Une autre femme aurait pu être vindicative, peut-être même vengeresse envers ceux qui l’ont critiquée par le passé. Camilla ne s’est pas abaissée à cela.» Avant d’ajouter : «La reine montre clairement qu’elle reconnaît le rôle vital que Camilla a joué et jouera encore en tant que compagne de Charles.»

Contes de fée

The Sun se montre, pour sa part, un brin moins tendre. «Comment Camilla est passée de briseuse de ménage à future reine», peut-on lire en tête de page. «Après des années à s’être ridiculisé en public, le couple royal, hanté par le fantôme de Diana, a finalement reçu le sceau ultime de l’approbation, délivré par la reine en personne», poursuit son auteur. Un retour en grâce «remarquable» pour Camilla, qu’«une large partie du grand public blâmait pour la fin d’un conte de fée royal.» Camilla de Cornouailles s'apprête désormais à connaître son propre conte de fée.

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