Rarement le féminisme n’a été aussi farfelu que dans Babysitter de Monia Chokri ! « C’est amusant qu’on puisse considérer mon film comme féministe, réplique la cinéaste canadienne à 20 Minutes. Au Canada, on est très avancés dans les rapports entre les hommes et les femmes alors ce n’était pas vraiment un enjeu bien que le film fasse référence au mouvement #MeToo ». L’arrivée d’une sémillante nounou chez un couple en crise change leur vie du tout au tout dans ce film fort drôle.
Le mari misogyne (joué par l’excellent Patrick Hivon) s’est fait virer de son boulot en raison d’une blague sexiste devant des caméras de télévision. La femme (incarnée par Monia Chokri elle-même) est en pleine dépression après la naissance de leur bébé. La pétillante babysitter (Nadia Tereszkiewicz vue dans Seules les bêtes de Dominik Moll) apparaît comme une Mary Poppins moderne et ne tarde pas à faire craquer le frère du héros (Steve Laplante fort réjouissant en intello libidineux).
Une affaire de regard (s)
La réalisatrice de La Femme de mon frère a puisé son inspiration dans une pièce de Catherine Léger dont elle a décuplé le côté absurde jusqu’à flirter avec le fantastique. « J’ai pensé au cinéma de Robert Altman et aux frères Coen, déclare Monia Chokri. Ce sont des réalisateurs qui ont démontré que la comédie est une affaire de mise en scène et pas seulement de jeu d’acteurs. C’est pour cela que nous avons interprété nos rôles très sérieusement. » Le côté pince-sans-rire du quatuor le rend irrésistible.
Monia Chokri choisi de tourner en 35 mm dans des décors inspirés du cinéma américain des années 1970 ce qui confère une esthétique unique à son film. « Le défi était de ne pas sacrifier le rire sur l’autel de l’image », souligne-t-elle. La chef opératrice Josée Deshaies, connue notamment pour son travail avec Bertrand Bonello sur Saint-Laurent et Appolonide, a vraiment fait des merveilles. Le film est d’une beauté à couper le souffle.
Le naturel de Nadia Tereszkiewicz rend son personnage aussi fascinant qu’envoûtant quand elle endort le bébé, rassure la maman débordée ou titille la libido de machos. « C’est un film sur le regard, insiste Monia Chokri. La baby-sitter hypnotise les personnages qui la voient chacun à sa façon en projetant leurs désirs sur elle alors qu’elle est totalement libre. » Cette liberté se communique à l’ensemble de ce film qui séduit le spectateur par sa drôlerie et son originalité.
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