La reine Elizabeth II a fait savoir, lundi soir, qu’elle serait remplacée par son fils le prince Charles pour le traditionnel discours du trône au Parlement britannique, mardi 10 mai, en raison de ses problèmes de mobilité.
C’est la première fois en près de soixante ans que la monarque manque ce rendez-vous solennel de la démocratie britannique, où elle lit le programme du gouvernement lors d’une cérémonie en grande pompe. Elle en avait été absente en 1959 et en 1963, quand elle était enceinte.
C’est aussi la première fois qu’elle s’y fait remplacer par le prince de Galles, héritier de la couronne, un signe du transfert progressif de ses tâches à son fils aîné, qui la représente déjà à l’étranger depuis plusieurs années. Le trône de la reine restera vide, le prince Charles, 73 ans, et son épouse, Camilla, occupant leurs sièges habituels.
Le palais de Buckingham a précisé dans un communiqué, lundi soir :
La reine continue d’avoir des problèmes de mobilité épisodiques et, après consultation avec ses médecins, a décidé à contrecœur de ne pas participer au discours du trône. A la demande de Sa Majesté et avec l’accord des autorités compétentes, le prince de Galles lira le discours du trône en son nom, avec le duc de Cambridge [le prince William, petit-fils de la reine, deuxième dans l’ordre de succession au trône] également présent.
La reine avait déjà renoncé ces dernières années à porter sa lourde couronne pour cette cérémonie très codifiée qui doit commencer à 10 h 30 (12 h 30 en France). Son absence relance les interrogations sur sa participation, début juin, aux célébrations du jubilé de platine, marquant ses soixante-dix ans de règne.
Reconquérir des électeurs déçus
Quelques jours après de lourds revers aux élections locales, où son parti a perdu quelque 500 sièges, le premier ministre conservateur, Boris Johnson, espère par ce discours montrer qu’il se préoccupe de la chute du pouvoir d’achat et faire oublier les scandales.
Sur le plan politique, Boris Johnson aura besoin de convaincre un électorat de plus en plus critique. Arrivé triomphalement au pouvoir en juillet 2019, le dirigeant conservateur avait déjà vu sa popularité chuter ces derniers mois, sur fond de crise du pouvoir d’achat, critiques sur sa gestion de la pandémie et scandale du « partygate » qui lui a valu une amende, une première pour un chef de gouvernement en exercice.
S’il a réussi à sauver son poste, pour l’instant, dans le contexte de la guerre en Ukraine, le bouillonnant dirigeant de 57 ans va tâcher de reconquérir des électeurs déçus pour les deux ans qu’il lui reste avant les prochaines législatives. Son discours présentera trente-huit projets de lois.
Ses services ont confirmé l’annonce d’un projet de loi en matière d’éducation « afin qu’aucun enfant ne soit laissé de côté ». Un autre, sur l’ordre public, est destiné à empêcher les « techniques de guérilla » de groupes comme Extinction Rebellion, honnis de sa base, qui ont manifesté en bloquant des routes ou des transports publics « nuisant aux gens qui travaillent dur, coûtant des millions d’argent public aux contribuables et mettant des vies en danger ».
Face à une économie blessée par des années de pandémie et à une inflation attendue à plus de 10 % dans les mois à venir, Boris Johnson s’est engagé à « remettre le pays sur les rails » et à « poursuivre de toute urgence [leur] mission de créer des emplois hautement qualifiés et bien rémunérés qui stimuleront la croissance économique dans tout le Royaume-Uni ».
Il compte aussi annoncer des textes de lois destinés à alléger les lourdeurs administratives après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), devenue pleinement effective le 31 janvier 2020.
Cet ensemble de projets de lois, qu’il a baptisés les « super sept », permettront au Royaume-Uni de « prospérer en tant que pays moderne, dynamique et indépendant » en « modifiant les anciennes règles de l’UE qui ne fonctionnent pas pour le Royaume-Uni », a-t-il expliqué au journal Sunday Express.
Pour pouvoir expulser plus facilement les criminels étrangers, le gouvernement a aussi dit, ces derniers mois, vouloir modifier la législation relative aux droits de l’homme qui avait intégré la Convention européenne des droits de l’homme dans le droit national.
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