Le Louvre-Lens a 10 ans. Sa croissance n’est pas terminée, mais ses concepteurs peuvent se féliciter d’une chose : plus personne ne remet en cause le bien-fondé d’un musée ayant attiré à ce jour plus de 4,5 millions de personnes. A 70 % originaires de la région Hauts-de-France. Tout l’inverse du Louvre parisien, qui attire, lui, 80 % de touristes étrangers.
Pour les habitants du bassin minier, le long vaisseau d’aluminium posé sur l’ancien terril (aplani, précisons-le) de la fosse 9 fait désormais partie du paysage. Au même titre que le stade Bollaert, temple du football régional, situé à moins de 400 mètres.
Un motif de fierté pour Marie Lavandier, directrice du Louvre-Lens depuis 2016 : « Nous ne disons pas aux gens “venez chez nous”. C’est nous qui ne sommes pas d’ici. Alors, on commence par aller se présenter… modestement. » Ateliers de prise de parole destinés aux jeunes chômeurs, stand d’activités culturelles au centre commercial voisin de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais), partenariat avec l’école de la deuxième chance, avec la prison de Château-Thierry (Aisne)… Fort d’un bataillon de trente médiateurs, le musée multiplie les opérations séduction envers une population locale d’ordinaire éloignée des musées.
Comme ce week-end spécial, samedi 3 et dimanche 4 décembre, qui marque le dixième anniversaire. « On ne fait aucune division entre culture savante et culture populaire », dit encore Marie Lavandier. En témoignent ces expositions, à la fois exigeantes et grand public, telles qu’Amour en 2018, Pologne 1840-1918. Peindre l’âme d’une nation en 2020 ou celle sur Champollion, actuellement en cours.
Selon une enquête déclarative menée par le musée en 2021, 23 % des visiteurs sont employés ou ouvriers. Dix points de plus que la moyenne des musées en France.
« Effet Bilbao »
Après une première année 2013 « lune de miel » (un million de visiteurs) suivie de trois années décevantes, l’affluence annuelle s’est stabilisée autour de 450 000 personnes. Certes, grâce à la qualité des expositions temporaires, valorisées par les œuvres prêtées par le Louvre. Mais aussi en raison de l’accès gratuit à la galerie du Temps, cette immense salle d’exposition, dans laquelle les visiteurs explorent sous un plafond de verre des œuvres majeures selon un ordre chronologique – des tablettes mésopotamiennes sculptées d’écriture cunéiforme aux grandes toiles européennes du XIXe siècle.
Sans cette gratuité, un quart des visiteurs concède qu’ils n’auraient jamais franchi les portes du musée, toujours selon l’enquête déclarative de 2021. Ce geste militant a un coût : les 15 millions d’euros nécessaires au fonctionnement du musée sont assurés à 83 % par les collectivités locales, région en tête.
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