Fin septembre 2021, elle avait cédé huit œuvres inédites du maître, par le biais d'une dation, au musée parisien dédié à son père.
Maya Ruiz-Picasso, fille aînée du maître espagnol et sujet de plusieurs de ses tableaux, est décédée mardi à l'âge de 87 ans, a annoncé à l'AFP l'avocat Richard Malka, citant un communiqué de la famille. «Maya Ruiz-Picasso est décédée paisiblement ce matin entourée de sa famille, à l'âge de 87 ans», indique le communiqué, sans donner davantage d'explications.
Née le 5 septembre 1935, María de la Concepción, surnommée Maya, est la première fille de Pablo Picasso et de Marie-Thérèse Walter, rencontrée en 1927. L'arrivée de cette enfant va bouleverser la vie de l'artiste, décédé en 1973, et qui a eu quatre enfants. Elle fait actuellement l'objet d'une double exposition au Musée national Picasso à Paris, sur sa relation à son père ainsi que sur la dation et les donations qu'elle a faites à l'État français.
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Maya à la poupée (1938), Maya à la poupée et au cheval (1938), Maya au costume de marin (1938), Maya au bateau (1938) ou Maya au tablier (1938) sont ainsi quelques-uns des portraits déstructurés, tout en couleurs, de la petite Maya actuellement présentés à Paris.
«C'est la seule personne au monde que je connaisse qui ne parlait pas de Pablo Picasso mais de papa. (...) Je crois que ça témoigne de cette relation exceptionnelle qu'elle avait eue avec lui», a réagi auprès de l'AFP son fils, Olivier Widmaier Picasso.
En septembre 2021, Maya Ruiz Picasso avait donné à l'État par le biais d'une dation, six peintures, un carnet de dessins, une statue et une œuvre ethnographique, aujourd'hui exposée au musée national Picasso, à Paris. Ce système fiscal permet de donner des œuvres d'art et des trésors nationaux, en guise de paiement de droit de succession de mutation ou de l'impôt sur la fortune. Il joue un rôle essentiel pour l'art moderne, dont les valeurs très élevées rendent l'achat difficile pour un musée public. André Malraux avait imaginé cette libéralité en songeant en grande partie au destin du travail colossal de Picasso, qui laissa 50.000 œuvres après son décès en 1973, alors que le pays ne possédait, avant-guerre, que trois de ses œuvres dans ses collections publiques.
Grâce à la loi sur les dations, votée en 1972, le musée national Picasso pourra être lancé. Les héritiers ont versé 203 peintures, 158 sculptures, 88 céramiques et plus de 3000 dessins à l'État. «Le ministère était venu “choisir” les œuvres dans la succession, en s'attachant à construire un ensemble muséal cohérent», se rappelle Olivier Widmaier Picasso. Ce qui n'a pas été le cas en 2021, les neuf œuvres données par Maya ayant été cette fois-ci choisies par l'héritière elle-même. Secret fiscal oblige, on ne sait pas combien a représenté l'effort consenti par l'État, au nom du patrimoine. Mais au moment de la dation, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, résumait pour Le Figaro: «Le bénéfice de cette dation, dont le principe a été souhaité par Malraux, est double et réciproque.»
Parmi les œuvres transférées en 2021, l'Enfant à la sucette assis sous une chaise. Une peinture symbolique puisqu'elle représente probablement Maya enfant, cachée sous le meuble, comme sombre présage du conflit mondial à venir, avait expliqué Olivier Widmaier Picasso, présent à la conférence de presse aux côtés de sa sœur Diana au moment de la dation. Maya Ruiz-Picasso était la mère de trois enfants.
«Après le décès de son père, elle a toujours eu le sens d'une mission, que ces œuvres devaient retourner à l'État, pour tous. C'était ça la dation», a confié mardi son fils Olivier.
La France et l'Espagne célébreront en 2023 les 50 ans de la mort de Pablo Picasso à travers plusieurs expositions des deux côtés des Pyrénées.
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