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Élémentaire : critique tout feu tout flaque chez Pixar - EcranLarge

FLAMME AND CO

Dès la présentation de son synopsis et de ses premiers visuels, Élémentaire semblait n'être qu'une déclinaison d'autres productions Disney et Pixar, de Zootopie à Vice-Versa en passant par Monstres et Compagnie. Il était facile d'imaginer qu'après le crash de Buzz l'Éclair (un projet plus atypique qu'à l'ordinaire), le studio à la lampe ait voulu se montrer plus prudent en reprenant des codes qui ont déjà fait leurs preuves auprès de la critique et du box-office.

Et effectivement, Élémentaire présente bien une autre ville allégorique qui renvoie à nos réalités sociales, ainsi qu'un autre duo de personnages littéralement opposés qui s'allient, acceptent leur différence et prouvent symboliquement qu'il faut de tout pour faire un monde.

Élémentaire : photoDe Zootopie à Elemental City

 

Après l'âme et les émotions, Pixar a donc opté pour la personnification des éléments primaires, donc de l’eau (les Aquatiques), de l’air (les Aériens), du feu (les Flamboyants) et de la terre (les Terriens), dans un univers qui manque peut-être d'originalité du fait de son concept dérivé, mais pas d'inventivité. Ce genre d'exercice fait appel à beaucoup d'imagination pour adapter notre quotidien à d'autres contraintes physiques, et ce dernier long-métrage ne fait pas exception.

Comme Zootopie ou Monstres et Compagnie, Élémentaire compte son lot de détournements ludiques, comme un bébé flamboyant qui tète de l'essence à briquet dans un barbecue faisant office de poussette. Cependant, l'exploration et l'immersion dans ce microcosme restent partielles. Le public passe beaucoup de temps avec les Flamboyants et les Aquatiques, et finalement peu avec les Terriens et les Aériens, qui complètent la toile de fond, mais ne font pas vraiment partie de l'histoire.

Élémentaire : Photo

Flam, l'héroïne la plus enflammée de Pixar

L'autre défi se jouait davantage sur le plan technique pour la matérialisation d'éléments naturels insaisissables (à l'exception de la terre), qui sont anthropomorphisés, mais, en fonction de leur nature, peuvent se déformer, s'évaporer ou s'écouler. Le film s'amuse d'ailleurs de toutes ses possibilités physiques dans la mise en scène d'une course-poursuite entre les deux protagonistes qui constitue un des passages les plus dynamiques. Pour parfaire le mimétisme des éléments, le film a également opté pour une animation permanente des textures des personnages, que ce soit pour illustrer l'ondulation des flammes, l'écoulement de l'eau ou l'aspect vaporeux et éphémère des nuages.

En plus d'être une petite prouesse technique qui ramène le studio à ses ambitions technologiques de départ, le résultat est assez hypnotique à l'écran, loin des graphismes lisses et nets des autres productions de la firme. C'est tout particulièrement le cas pour Flam, la flamboyante, qui a une apparence plus abstraite et des traits plus imprévisibles, ce qui colle parfaitement à sa caractérisation. Plusieurs séquences, comme celle où Flam danse sur des cristaux, marient admirablement ces visuels plus expérimentaux à une charte graphique plus académique. 

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Une flamboyance visuelle certaine

IMMIGRASohn 

S'il ne laisser rien présager d'original, Élémentaire est malgré tout le premier film de Pixar à aller pleinement sur le registre de la comédie romantique. Plus habituel chez Disney, le genre avait jusqu'ici été effleuré dans WALL-E (qui développe en parallèle tout un imaginaire de science-fiction), et dans certaines intrigues secondaires, comme dans Ratatouille ou les Toy Story. Même si l'histoire d'amour impossible entre une madame flamme et un monsieur goutte a quelque chose d'assez schématique et caricatural, le simple fait de voir Pixar changer de registre rend le projet plutôt curieux. 

Toutefois, la relation amoureuse entre les deux personnages s'avère au mieux banale, au pire inconsistante. Le développement de leur complicité et de leurs sentiments reste dans le carcan de n'importe quelle comédie romantique, sans s'éloigner des attendus du genre, tandis que les séquences consacrées à leur histoire sont plus belles d'un point de vue technique qu'émotionnel. Mais s'il est au centre du récit, ce couple tout feu tout flaque ne constitue paradoxalement pas l'essentiel du récit. Il s'agirait presque d'une situation prétexte, d'un point de départ bien pratique pour développer une métaphore sociale plus inattendue.

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Bouillonnement intérieur 

 

Le cinéaste Peter Sohn s'est en effet inspiré de son enfance et de l'histoire de ses parents (originaire de Corée du Sud et immigrés aux États-Unis) pour développer son scénario. Avec sa ville calquée sur New York, et le quartier défavorisé des Flamboyants qui représente le Bronx, Élémentaire parle en toute transparence d'immigration, de communautarisme et de ségrégation pour prôner le multiculturalisme. Le film met également à hauteur d'enfant certains enjeux et composantes de cette diversité culturelle, comme les croyances religieuses, le langage ou même l'alimentation. 

Toutefois, étant donné le sujet et le public cible auquel il est présenté, le message du film autant que la résolution des différends est assez simpliste et candide, même si le film offre quelques moments d'écriture plus affûtés et subtile. C'est notamment le cas lors du diner chez la famille de Flack où un Aquatique, très avenant envers Flam et sans aucune animosité, lui glisse au milieu d'une conversation qu'il est bien pratique qu'elle parle aussi bien leur langue, alors que les deux sont nés dans la même ville. Cet exemple très concret, sans habillage fantasque, de racisme ordinaire fait partie des détails les plus surprenants que le film a en réserve. 

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Un quartier à feu et à cendres

 

l'aventure intérieure

La thématique de l'immigration n'est cependant pas la seule que veut aborder le film. De façon tout aussi louable, mais plus faiblarde, Élémentaire veut aborder plus globalement la difficulté pour les enfants d'immigrés de trouver leur place, de rester enracinés à une culture sans s'y enchaîner, tout en célébrant l'émancipation. Malheureusement, c'est aussi la partie du scénario qui est la moins approfondie et la plus expédiée. La révélation de Flam quant à sa véritable passion et les raisons de ses sauts d'humeur est catapultée dans le récit et manque de progression pour être suffisamment crédible. 

Cependant, après avoir certainement vu trop grand avec Buzz l'Eclair, le studio est revenu à un scénario plus épuré et des enjeux beaucoup plus resserrés. Il ne faut pas s'attendre à une autre grande aventure, à des péripéties, à un affrontement contre un grand méchant ou un complot pour détruire toute la ville.

Élémentaire : photo

Enfin, si on considère que rencontrer sa belle-famille n'est pas une péripétie

Le scénario parlant de fracture sociale et intime, celui-ci se contente métaphoriquement de trouver et réparer une fuite d'eau, tout simplement. Et même si ce parti-pris est aussi ce qui donne au film son caractère plus anecdotique, voire ennuyant par rapport aux autres films du catalogue, proposer de l'anti-spectaculaire et cette forme de minimalisme narratif pour rester au plus proche des problématiques des personnages n'a rien d'évident, et s'avère ainsi plutôt courageux. 

Le film, à défaut de tenir la promesse du divertissement, n'est donc pas si vide ou superficiel qu'en apparence, et a plus à offrir qu'une banale histoire d'opposés qui s'attirent tels de énièmes Roméo et Juliette. Même s'il n'est pas le nouveau chef-d'oeuvre du studio, Élémentaire porte en lui une sincérité et une tendresse auquel il est finalement difficile de rester insensible

Élémentaire sera dans les salles françaises à partir du 21 juin 2023. 

Élémentaire : affiche

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