Auteur de douze romans, «le meilleur écrivain américain à ne pas être célèbre» avait remporté le prix Pulitzer en 2006 pour La Route.
Le grand écrivain américain Cormac McCarthy, qui connut le succès sur le tard grâce à ses romans emblématiques tels que «De si jolis chevaux» ou «La route», est mort mardi à l'âge de 89 ans de causes naturelles, a annoncé son éditeur.
Chroniqueur de l'Amérique des Appalaches et du «Far West» sombre et cruel, McCarthy, dont des romans ont été adaptés par Hollywood («No Country for old men») et qui remporta un prestigieux prix Pulitzer, est décédé chez lui à Santa Fe, dans l'État du Nouveau Mexique.
«Le meilleur écrivain américain à ne pas être célèbre»
Cormac McCarthy, un temps décrit comme «le meilleur écrivain américain à ne pas être célèbre», a écrit douze romans qui lui ont valu un cercle d'admirateurs fidèles. Né en 1933 à Providence, il grandit dans le Tennessee, où son père est juriste. Le succès critique de son premier livre Le gardien du verger permet à Cormac McCarthy de vivre de sa plume grâce à des dons d'institutions, comme la fondation Rockefeller. En 1968, il publie L'obscurité du dehors, œuvre qui narre les conséquences d'une relation incestueuse. Son deuxième roman Un enfant de Dieu paraît cinq ans plus tard. L'œuvre va encore plus loin dans l'exploration des ténèbres de l'âme avec son personnage principal meurtrier et nécrophile. En 1979, il sort son troisième romain : Suttree. C'est à cette époque que Cormac McCarthy part vivre à El Paso (Texas, sud), à la frontière mexicaine. Une région qui va profondément marquer son œuvre.
Début du succès et de la période «Far West»
Méridien de sang (1985), premier opus de la «période Far West» de Cormac McCarthy, narre les aventures d'un jeune garçon dans la tourmente des années 1840, au moment où le Texas rejoint les États-Unis. Ce «western apocalyptique», où coulent des rivières de sang, est considéré par certains critiques comme son chef d'oeuvre.
Les années 1990 sont celles de La trilogie des confins, toujours sur fond de Far West: De si jolis chevaux, Le grand passage et Des villes dans la plaine. Cormac McCarthy, à propos duquel son premier éditeur disait «nous n'avons jamais vendu un seul de ses livres» (aucun de ses cinq premiers ouvrages n'a dépassé 3.000 exemplaires), voit enfin ses tirages grimper à plus de 200.000 copies.
Ce succès tardif est conforté par Hollywood. Ce sera d'abord De si jolis chevaux, porté à l'écran en 2000 avec Matt Damon, puis Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme (No Country for old men), des frères Coen, qui décroche quatre Oscars en 2008.
L'année précédente, Cormac McCarthy obtient son bâton de maréchal avec le prestigieux prix Pulitzer accordé à La route (2006), récit d'une errance d'un père et d'un fils dans un pays ravagé par un cataclysme d'origine inconnue. La «papesse» américaine du petit écran Oprah Winfrey sélectionne ce livre parmi les plus importants de l'année et l'oeuvre est rapidement adaptée au grand écran.
Seize ans après La Route, il fait son retour avec Le Passager (2022) et son préquel Stella Maris publié dans la foulée. Dans ce récit qui se déroule dix ans avant Le Passager, McCarthy prend pour la première fois une femme, schizophrène, pour personnage principal.
Reclus et détaché des contraintes matérielles - il a longtemps vécu dans des motels miteux -, Cormac McCarthy n'a accordé qu'une poignée d'entretiens dans sa vie. Dans sa seule interview télévisée, il expliquait à Mme Winfrey que s'exposer dans les médias «n'était pas très bon pour l'esprit. Si l'on passe beaucoup de temps à réfléchir comment écrire un livre, il ne faut sans doute pas en parler. Il faut le faire».
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