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Festival d'Angoulême : les meilleures BD écolos - Reporterre

Atolls du Pacifique, forêts, zapatistes… Alors que s’est ouvert le festival de BD d’Angoulême, Reporterre vous propose sa sélection des meilleures BD écolos de 2023.

La 51e édition du festival de bandes dessinées d’Angoulême ouvre ses portes du 25 au 28 janvier 2024. Pour l’occasion, Reporterre vous a sélectionné les dernières sorties sur le thème de l’écologie et des luttes. À lire : une échappée en vélo, une métamorphose en cachalot, la rencontre avec les zapatistes, l’aventure de John Muir, etc.

Au cœur des solitudes

Après la très réussie adaptation du roman Dans la forêt en BD, Lomig poursuit son exploration des profondeurs sylvestres. Il nous propose ici un magnifique récit sur la randonnée de 1 500 kilomètres qu’entreprit à pied l’un des pionniers de l’écologie, l’écrivain John Muir, après la guerre de sécession. Un voyage contemplatif du Kentucky jusqu’à la Floride, sur des sommets enivrants de beauté, des rivières tumultueuses, des espaces infinis. Lomig réussit à nous partager la joie qui saisit le jeune homme de 28 ans, son amour pour le vivant et son émerveillement contagieux. John Muir n’est pas encore l’homme célèbre qui créera le parc du Yosémite. C’est un garçon meurtri par un accident du travail où il a failli perdre la vue. Il est à la veille de grands changements. Il jure de révolutionner sa vie pour ne pas se laisser étouffer par les regrets et les conventions sociales. Il plaque tout, devient vagabond et part à la découverte des sentiers luxuriants de l’Amérique. C’est un périple initiatique qui commence, un bouillonnement de pensées sur la place de l’homme dans la nature. À lire !
G. d’Allens

Au cœur des solitudes, de Lomig aux éditions Sabarcane, septembre 2023, 176 p., 29 euros.

La vie secrète des arbres

Le best-seller de Peter Wolheben est enfin croqué ! Le dessinateur Benjamin Flao et le scenariste Fred Bernard nous livrent une adaptation très libre du livre qui fut vendu à plus de 7 millions d’exemplaires. Chaque page est source d’émerveillement. Le dessin s’associe à merveille à la narration, lui donne une touche de poésie et de sensibilité. L’encre de chine et l’aquarelle nous donnent à voir ce qu’une vie immergée dans la sylve veut dire. On plonge dans les futaies, sous les frondaisons, à même l’humus, dans un contact charnel avec les éléments. Le livre suit la vie du forestier, raconte les anecotes et les découvertes qu’il fait au chevet des bois. C’est toute une leçon, scientifique et morale qui s’en dégage. On apprend une foule de choses. À quoi servent les signaux électriques et les substances chimiques émises par les arbres ? Comment fonctionne la symbiose mycorhizienne ? Quel rôle joue le bois mort ? Pourquoi le lierre et les lichens ne menacent-ils pas les arbres ? Chez le forestier une seule certitude demeure : c’est en connaissant le fonctionnement des forêts et en les chérissant qu’on pourra mieux les défendre.
G. d’Allens

La vie secrète des arbres, Fred Bernard (scénariste), Benjamin Flao (illustrateur), Peter Wohlleben (auteur), aux éditions Les Arènes, septembre 2023, 240 p., 29,90 euros.

La brute et le divin

Ingénieure dans une grande société, Eva déserte sa vie urbaine pour aller réparer la station météorologique d’une île déserte, à 4 000 kilomètres au large de l’Australie. Ses seuls compagnons : sa chienne Puce, quelques poules, un requin baleine et des oiseaux marins de toutes les couleurs. L’arrivée d’une compagnie minière, pionnière de l’exploitation des abysses, bouleverse sa vie tranquille au milieu de cette nature luxuriante. Un récit à ne pas manquer, autant pour sa portée écologique – rare sont les œuvres qui traitent, aujourd’hui, du pillage annoncé des fonds marins – que pour sa beauté. Cathédrales de corail, poissons tropicaux, tempêtes australes… Les aquarelles de Léonard Chemineau sont somptueuses, et nous immergent, l’espace d’une centaine de pages, dans l’univers majestueux des atolls du Pacifique.
H. Chauvin

La brute et le divin, de Léonard Chemineau, aux éditions Rue de Sèvres, novembre 2023, 144 p., 22 euros.

La vieille anglaise et le continent

Et si on était un cachalot ? Plongeant au fond des abysses, se confrontant aux redoutables calamars géants, communiquant comme par la pensée avec ses congénères, expérimentant d’ineffables sensations ? Ce livre nous y entraîne, au fil d’une histoire prenante : arrivée au terme de sa vie, une scientifique à la forte personnalité accepte de voir son esprit transféré dans le corps d’un cachalot — changeant au passage de genre. Le but est de réaliser une expérience et de démanteler un réseau visant à enfouir des déchets radioactifs dans l’océan. Le récit est crédible, la mise en page dynamique, et l’œuvre parvient à nous transmettre la magie de l’univers parallèle au nôtre qui est celui des mammifères marins : il s’agit en fait de sentir et de penser autrement.
H. Kempf

La vieille anglaise et le continent, Valérie Mangin (scénario) et Stefano Martino (dessin), aux éditions Drakoo, aout 2023, 88 p., 17,90 euros.

Loire

Le dernier livre d’Étienne Davodeau diffère de son précédent travail sur les déchets radioactifs et la mémoire, mais on retrouve dans son trait la même attention au paysage et au territoire. Une sensibilité aiguisée à la pointe du crayon. Ici, le dessinateur retourne à la fiction et brosse le portrait d’une femme libre, Agathe, qui se confond avec celui de la Loire, ce fleuve encore sauvage, aux courants trompeurs. L’auteur nous livre un récit contemplatif, une réflexion sur la vie qui n’est pas détachée de l’amour de la nature. Reporterre s’était rendu à ses côtés en automne dernier au cours d’une balade sur les rives du fleuve. « L’écologie, c’est politique, mais pas théorique », nous confiait l’artiste. C’est extrêmement concret au contraire. Ça passe par le corps. »
G. d’Allens

Loire, d’Étienne Davodeau, aux éditions Futuropolis, octobre 2023, 104 p., 20 euros.

La ride

C’est l’histoire d’une épopée moderne, d’une fugue joyeuse pour échapper à l’asphalte et au béton. La liberté se conquiert à la force du mollet, à coups de pédale. Cette première BD raconte le voyage de deux jeunes urbains à vélo. Après avoir largué leur job, l’un est coursier, l’autre publicitaire, ils partent à l’aventure, embrassent le grand air, multiplient les nuits en bivouac et les rencontres sur la route. Sur le chemin, les pneus crevés, la pluie et les orages les attendent. Une belle initiation qui rappellera sans aucun doute, à tous celles et ceux qui sont férus de voyages en vélo, des anecdotes et des histoires. Entre grandeur et pied nickelés. « On ne fait pas un voyage, c’est le voyage qui nous fait », disait l’écrivain Nicolas Bouvier
G. d’Allens

La ride, Simon Boileau, Florent Pierre, aux éditions Dargaud, avril 2023, 108 p., 18 euros.

Terres rebelles

Au Chiapas, dans le sud du Mexique, on raconte la légende d’une montagne qui s’est soulevée. Vêtue d’arbres, d’oiseaux et de pierres, elle aurait navigué à contre-courant pour rejoindre l’Europe, en 2021. Aux pans de sa jupe, des femmes et des hommes se seraient accrochés. Ils auraient baptisé le nouveau continent découvert Slumil k’ajxemk’op, ce qui signifie « Terre rebelle », ou « Terre qui ne se résigne pas ». Cette bande dessinée retrace le voyage des zapatistes en Europe, l’organisation de leur venue et les échanges avec les différents collectifs en lutte. La BD est une première porte d’entrée dans le monde des zapatistes, leur lutte qui dure depuis plus de trente ans et leur cosmogonie. À travers les rencontres qu’elle retrace, elle permet aussi d’esquisser les possibilités d’un internationalisme par le bas et d’une écologie décoloniale. Avec notamment le regard singulier de Jerome Baschet qui suit le combat des zapatistes depuis des décennies. Reporterre l’avait déjà interrogé à plusieurs reprises, comme ici ou .
G. d’Allens

Terres rebelles, de Jérôme Baschet, Lisa Lugrin, Métie Navajo aux éditions Futuropolis, janvier 2024, 208 p., 25 euros.

Pépille, pour une sylvisation de l’abondance

À quel appel répond le printemps ? Comment ne pas se laisser tétaniser par les perspectives de l’effondrement et faire resurgir les possibles ? Laëtitia Rouxel chemine et nous entraine avec elle à la recherche d’une écologie joyeuse qui dépasse les passions tristes. Pépille raconte l’éveil et la prise de conscience d’une jeune femme « éco-désillusionnée ». Partie en randonnée, cette dernière croise un homme qui tente d’appliquer humblement les préceptes de la simplicité volontaire et en tombe amoureuse. S’en suivra une longue quête pour l’autonomie et la joie, qu’elle tâchera de faire pousser comme sa forêt jardin. Une jolie fable.
G. d’Allens

Pépille, pour une sylvisation de l’abondance, de Laëtitia Rouxel, aux éditions Actes Sud BD, octobre 2023, 128 p., 26 euros.

Pour quelques degrés de plus

À chaque page, trois versions parallèles d’une même histoire se déroulent, se superposent, se séparent et se percutent. Comme on le répète souvent à Reporterre, dans le futur, c’est le climat qui fera la loi. Et en la matière, chaque degré compte. Ulysse Gry a pris cet avertissement au mot. Il a décliné en fonction du thermomètre trois issues différentes à son histoire. Suivant que le monde s’emballe à plus de 2, 3 ou 4 °C, le récit change, le monde devient plus ou moins apocalyptique, les catastrophes naturelles plus ou moins intenses. Nous sommes en 2100, trois bandits sillonnent l’Amérique à la recherche d’un butin dans un road movie déjanté. L’histoire est plus ou moins chaotique selon l’ampleur du réchauffement. Un jeu narratif amusant et original qui a le mérite de nous rappeler l’urgence à agir.
G. d’Allens

Pour quelques degrés de plus, d’Ulysse Gry, aux éditions Presque lune, mai 2023, 136 p., 25 euros.

Résister et fleurir

Printemps 2020. En plein confinement, Jean-Félix Chénier enseigne le cours « Utopies / Dystopies » à Montréal. Il décide de partir d’une lutte dans le quartier Hochelaga qui incarne parfaitement le sujet. La population s’y mobilise pour défendre un terrain en friche contre un projet de Ray-Mont Logistiques de construction d’un terminal de transbordement de conteneurs. Deux rapports au monde se font face, dans ce terrain vague où le vivant a repris ses droits. Quels mondes voulons-nous bâtir et détruire  ? Si l’écriture emprunte à l’essai, les aquarelles sont magnifiques, elles donnent à voir, rendent perceptibles la possibilité d’une écologie sensible.
G. d’Allens

Résister et fleurir, de Jean Felix Chenier et Yoakim Bélanger aux éditions Écosociété, 2023, 176 p., 26 euros.

Circuit court, une histoire de la première Amap

Après le Carrefour et le McDo, il faut tourner au rond-point à droite, pour découvrir les Olivades. C’est là près de Toulon, dans cette ferme, « citadelle verte assiégée par le béton », qu’est née en 2001 la première Amap de France. Amap, pour Association pour le maintien d’une agriculture paysanne. Avec Circuit court, Tristan Thil et Claire Malary relatent la naissance de ce concept qui, depuis, a essaimé partout en France. Comme tous les maraîchers du sud de la France, Denise et Daniel Vuillon, propriétaires des Olivades, ont connu dans les années 1980 l’arrivée de la grande distribution et de ses diktats, le déclin des marchés et des petits commerces, la concurrence de l’Italie, de l’Espagne, et bientôt du Maroc, la standardisation des produits… Jusqu’au jour où le couple découvre aux États-Unis les Community support agriculture dans lesquels un agriculteur et un groupe de consommateurs passent un contrat. Le circuit le plus court qui soit est une idée révolutionnaire aux yeux du couple de Français ! Cette bande dessinée passionnante nous laisse sur une petite faim : l’impression monochrome ne rend pas hommage à la belle variété de tomates de Daniel Vuillon.
F. Loiseau

Circuit court, une histoire de la première Amap, de Tristan Thil et Claire Malary, aux éditions La Découverte, septembre 2023, 400 p., 25 euros.

Je ne partirai pas — Mon histoire est celle de la Palestine

La colonisation est un des mécanismes destructeurs de la dignité humaine et de la biosphère les plus puissants de l’époque, même s’il est invisibilisé. L’archétype en est la colonisation de la Palestine par Israël, qui arrache sa terre aux Palestiniens dans les conditions que l’on sait (décrite par exemple ici dans Reporterre). Cette colonisation s’accompagne d’une répression terrible, engagée bien avant la guerre qui se poursuit à Gaza : des milliers de Palestiniens sont enfermés dans les geôles israéliennes, souvent sans procès. C’est depuis une prison que le héros de Mohammad Sabaaneh raconte la soif inextinguible de liberté des Palestiniens et leur attachement à la terre. Il raconte l’ennui, la torture, l’injustice, mais aussi la solidarité, l’échappée par l’imagination et le dessin, aidé d’un oiseau qui incarne la vie et l’évasion. Il ne s’agit pas seulement ici d’une BD documentaire, mais d’un cri puissant, porté par un graphisme époustouflant. Ce livre marquant a notamment été salué par le célèbre journaliste et auteur de BD Joe Sacco, pour qui « c’est un triomphe artistique. Mohammad Sabaaneh est un maître ».
H. Kempf

Je ne partirai pas — Mon histoire est celle de la Palestine, Mohammad Sabaaneh, aux éditions Alifbata, septembre 2023, 128 p., 20 euros.

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