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Jean-Michel Blanquer, Axel Bauer, Édouard Baer… Ils ont été élèves à Stanislas - Paris Match

Les foudres pleuvent sur Stanislas. L’établissement privé dans lequel la ministre de l’Éducation nationale Amélie Oudéa-Castéra a placé ses enfants suscite curiosité et fantasmes. Le penchant s’est accru depuis que les (sévères) conclusions d’une enquête administrative ont été rendues publiques par Mediapart, le 16 janvier. Doublées, depuis lors, par l’ouverture d’une enquête du parquet de Paris pour injure publique en raison (notamment) de l’orientation sexuelle.

« Stan », ainsi surnommée, école « réac » préemptée par la bourgeoisie catho-tradi ? Celle qui caracole en tête des classements des meilleurs « bahuts » de France a abrité nombre d’artistes, de politiques ou encore d’intellectuels, du général de Gaulle à l’acteur François Cluzet en passant par Albert de Monaco, Christian Dior, Martin Bouygues, l’académicien Jean-Marie Rouart ou le militant identitaire Alain Soral. Un panel aux occurrences pas toujours pieuses et rangées, tant s’en faut. Voici, donc, l’éclectique sélection concoctée par « Paris Match ».

Axel Bauer, auteur-compositeur-interprète : « On allait se friter avec les fachos d’Assas »

Né en 1961, l’interprète de « Cargo » entre à « Stan » en 1976, en cours d’année de seconde. « Je venais d’être viré par Saint-Martin de France (Pontoise) pour trafic de drogue, raconte Axel Bauer à "Match". Stanislas n’était pas un bahut pour enfants de riches, une boîte à bacs ou un établissement "pouet-pouet". Nous étions situés à Montparnasse, près d’Edgar Quinet. Ça ressemblait à un gros HLM, nous étions 4 000 élèves. J’y suis resté jusqu’à la fin de la terminale. »

« L’ambiance était très bonne, poursuit-il. On allait se friter avec les fachos d’Assas. 'Stan', c’était comparable au lycée Carnot, dans le XVIIe. L’enseignement catholique était facultatif, la vie y était très urbaine et normale. J’y ai même fait mon premier concert, on s’appelait les "Knights of the Night", les "Chevaliers de la nuit", on faisait des reprises d’Iggy Pop, des Stones. Ce ne fut pas un franc succès (rires), on nous a dit "Allez les Verts !" tout du long. C’était chouette d’être à Paris. À Saint-Martin, j’étais en internat. Là, c’était des pères jésuites, il y avait du prosélytisme religieux, on se devait d’aller à la messe le dimanche. »

Jean-Michel Blanquer, ex-ministre de l’Éducation, et François Baroin, ex-président de l’Association des maires de France : particules élémentaires

Hauts comme trois pommes et férus du ballon rond. Cette passion a tôt fait de rapprocher Jean-Michel Blanquer et François Baroin sur les bancs du cm2, en 1974, sous la férule bienveillante de Mademoiselle Bouygues. Maillons d’une bande toujours existante de huit potes - parmi lesquels Édouard Levé, écrivain, photographe et plasticien, auteur de « Suicide » (2008) qui se donna la mort dix jours après la remise de son manuscrit -, les deux enfants deviennent inséparables lors d'une classe de neige à Valloire, au sud de la vallée de la Maurienne en Savoie. « Je l’ai toujours considéré comme mon frère, celui que je n’avais pas. En quarante-cinq ans, on ne s’est jamais engueulés ! », livrait à « Match » François Baroin au sujet de « Jean-Mi » en 2019.

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Ce dernier, fils d’une prof d’anglais dans un collège banlieusard, a connu le Stanislas des années 1970, celui où se pressaient les enfants de la classe moyenne issus de la petite et de la grande couronnes, pour partie orphelins de pères. Loin de l’image élitiste qui colle dorénavant au revêtement de l’établissement.

Entré en cm1 et ressorti bachelier, l’ancien ministre de l’Éducation nationale y fut placé avant tout pour des raisons confessionnelles, ensuite pour la qualité de l’enseignement dispensé, pas non plus celui du niveau d'aujourd'hui. « On n’était pas facilement viré de 'Stan', rapporte un ex-compagnon d’école. Jean-Michel considère que l’éducation qu’il y a reçue montre bien qu’on peut être parfaitement catholique et parfaitement républicain, à la manière d’un Peggy ou d’un de Gaulle », poursuit le même, racontant les kermesses et bonnes œuvres organisées par l’établissement en faveur des pauvres du Togo ou du Guatemala.

Simon Liberati, journaliste et écrivain : « C’était une période grise pour moi »

Il est né en 1960 et fut confié à l’établissement dès 1965. « Comme pour les enfants d’Amélie Oudéa-Castéra, mes parents voulaient me faire sauter une classe, se souvient Simon Liberati dans un sourire devinable à l’autre bout du fil. À l’époque, ça coûtait entre 400 et 500 francs l’année. C’était une ambiance de caserne, les filles n’étaient là qu’en classe préparatoire. C’était un collège catho plutôt de droite avec des cours sur la religion mais ce n’était pas du tout au centre des préoccupations. À partir de la sixième ça devenait assez dur. En plus, c’était après mai 1968. Ce n’était pas du tout un nid de fachos mais 'Stan' voulait résister à la vague. »

J’ai redoublé ma quatrième et 'Stan' m’a mis dehors en première, en 1977.

Simon Liberati, auteur

L’auteur de « Performance », prix Renaudot 2022, y côtoie entre autres l’un des fils de Bokassa, décédé d’une overdose à Bondy quelques années plus tard, ainsi que François-Xavier Bagnoud, mort à 24 ans dans l’accident de l’hélicoptère qu’il pilotait, aux côtés de Daniel Balavoine, un soir de janvier 1986 au Mali alors qu’ils suivaient la procession du Paris-Dakar.

Simon Liberati garde un souvenir pour le moins mitigé de ces années dans le supérieur : « C’était une période grise pour moi, je n’ai gardé aucun ami de cette époque. Je trouvais le niveau assez médiocre. Peut-être parce que j’étais moi-même un élève très médiocre. Je n’ai pas du tout eu le coup de cœur qu’on peut avoir pour un prof. J’ai redoublé ma quatrième et 'Stan' m’a mis dehors en première, en 1977. Je suis allé au cours Marcel-Proust et, là, j’ai été très heureux. Il y avait des jeunes filles. »

Édouard Baer, acteur, a détesté cette « ambiance réactionnaire »

Il était loin de s’imaginer devenir une icône de la culture populaire française. Jeune bourgeois du Landerneau germanopratin, Édouard Baer entre au collège Stanislas à la fin des années 1970. Un souvenir épouvantable à en croire ses confidences de 2017 faites aux Échos : « univers carcéral », « hideux », une « ambiance réactionnaire »… L’acteur n’a pas de mots assez dur contre l’établissement quand il s’éprend d’un vocable bien plus tendre pour évoquer son lycée, la très huppée École alsacienne : « Ce n’était pas comme aujourd’hui une pépinière de fils et de filles de people, l’ambiance était intellectuelle et progressiste. »

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