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SÉRIES - Des comme ça, il n’y en a pas deux. Diffusée au printemps 2020 à la télévision britannique et sur Hulu aux États-Unis, la série irlandaise phénomène Normal People a d’abord été retransmise, chez nous en France, sur Starzplay. Elle arrive maintenant en accès libre sur la plateforme de streaming France.tv Slash.
“Irrésistible en ces temps anormaux”, selon CNN, le programme dramatique “est tout aussi sombre et intransigeant, grâce à son écriture, sa réalisation et son jeu élégants, que le roman de Sally Rooney”, note le magazine Variety au moment de sa sortie. Les critiques ne tarissent pas d’éloges.
Depuis la diffusion du premier épisode de cette adaptation du best-seller de celle qu’on considère parfois comme la “Jane Austen des millenials”, les abonnements à la chaîne BBC Three ont grimpé. Les candidatures pour rejoindre le Trinity College de Dublin, où une partie du récit est tournée, aussi.
Découvrez ci-dessous la bande-annonce de “Normal People”
Sur Instagram, Daisy Edgar-Jones, qui était encore presque inconnue avant de jouer dans Normal People, compte désormais près d’un million d’abonnés. Paul Mescal, lui, multiplie les apparitions au cinéma. Alors qu’ils continuent de multiplier les couvertures de magazine, la jeune comédienne de 22 ans a, elle, signé chez UTA, l’une des agences les plus prestigieuses de Beverly Hills.
Un pitch “ordinaire”, pas son traitement
Dans la série, elle joue le personnage de Marianne, une lycéenne solitaire et sarcastique. Lui, Connell, un sportif populaire de son bahut en Irlande dont la mère travaille en temps que femme de ménage dans la famille aisée de la première. Les douze épisodes suivent leur romance jusqu’à la fin de leurs études.
Le pitch peut paraître ordinaire. Son traitement, non. La série, pour laquelle Sally Rooney a écrit les six premiers épisodes, frappe par son réalisme et sa fidélité à l’œuvre de la romancière de 28 ans. Normal People est un livre “où chaque phrase [...] semble enroulée avec un danger potentiel, comme une vipère prête à frapper, note Vanity Fair. Les tensions sociales dans leur ville de Carricklea, en lien avec l’anxiété dont souffre Connell par rapport à son sentiment d’appartenance à la classe ouvrière et à la façon dont ses camarades le voient, contusionnent [la] prose tendue et efficace [de l’autrice].”
Proche de la jeunesse actuelle, les personnages sont pluriels et “en adéquation avec [notre] temps, observe cet autre article du magazine. La masculinité est étudiée minutieusement, pour mieux en dévoiler les failles et les limites. Les personnages féminins portent en eux le poids des attentes d’une société patriarcale qui se fissure, mais ne flanche pourtant pas.”
Le coup de foudre
Marianne ou Connell? Connell ou Marianne? Les deux nous parlent. “Marianne, c’est moi. Ou plutôt le moi que j’étais quand j’étais au collège, confie Rebecca Amsellem dans la newsletter Les Glorieuses. Ou plutôt le soi de tou.te.s les introverti.e.s avant d’avoir trouvé des personnes qui leur ressemblent, qui partagent le même monde. Je pouvais passer des journées entières sans parler à personne. Et dès qu’une personne me parlait, qu’elle soit agréable ou détestable, je m’y accrochais pour ne pas replonger dans l’anormal.”
Elle poursuit: “Sans vouloir être emphatique, regarder cette série, lire ce livre, provoque ce sentiment si particulier qu’on ressent lorsqu’on a un coup de foudre amical ou amoureux. Ce sentiment qui nous fait dire à voir basse, pour nous-même, comme si on avait peur que l’admettre allait tout ruiner: ‘Ça y est, je ne suis plus seule dans mon monde.’”
Ils s’aiment, se séparent, deviennent “amis”, se trouvent d’autres partenaires, se retrouvent. Leur relation oscillante et pleine de contradictions nous est familière. Leur intimité sexuelle, aussi. La série compte une dizaine de scènes de sexe. Elles sont “dans la prolongation du dialogue”, indique à Slate la coordinatrice d’intimité de la série Ita O’Brien.
Son travail consiste à veiller à la sûreté physique et mentale des acteurs et des actrices au moment du tournage des scènes de sexe. Main dans la main avec les réalisateurs, elle chorégraphie les mouvements, mais communique aussi avec les comédiens afin que le tournage se déroule dans le respect du consentement de chacun.
Une intimité familière
L’approche n’enlève rien à la spontanéité du jeu. Au contraire, elle favorise la vulnérabilité des corps l’un face à l’autre, parfois maladroits dans ce genre de moments. Les scènes transparaissent d’honnêteté, parfois de douceur, comme lors de la première expérience de Marianne quand, avant de passer à l’acte, Connell s’assure que la jeune femme en a vraiment envie.
Cette scène rare et “rafraichissante”, selon Slate, s’inscrit dans le processus d’écriture sur la sexualité et l’intimité de l’autrice du livre, “quelque peu en contradiction avec le discours dominant”, d’après ses mots dans les colonnes de The Atlantic.
Elle précise: “Les expériences sexuelles dont je parle se déroulent presque qu’exclusivement entre des personnes engagées dans des relations très intenses. Elles ne sont pas mariées, mais appartiennent vraiment à la vie de l’une ou de l’autre. C’est ce qui m’intéresse dans l’intimité.”
Ici, pas de male gaze. La sexualité n’est plus définie selon le prisme masculin. Normal People élargit l’horizon des représentations. “Ce que j’essaie de faire, ajoute Sally Rooney, c’est de montrer l’amour et la romance dans toute leur puissance écrasante, comme le plaisir et le désir qui en découlent, dans la complexité délicate d’une vie ordinaire.” À l’écran, ça n’a rien de courant.
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