via Associated Press
CULTURE - “Je dois être honnête et dire que je suis contre la guerre de toute mon âme.” Dans un message publié au début du mois l’une des ballerines stars du Bolchoï, Olga Smirnova, dénonçait la guerre en Ukraine. Elle a finalement quitté la prestigieuse troupe pour rejoindre le Dutch National Ballet, à Amsterdam, a-t-on appris ce mercredi 16 mars.
Dans un communiqué publié ce mercredi, le Dutch National Ballet a annoncé que “Smirnova a été très claire dans sa récente dénonciation de l’invasion russe de l’Ukraine, ce qui rend intenable son travail dans son pays natal”.
“On ne peut pas rester indifférent”
“Je dois être honnête et dire que je suis contre la guerre de toute mon âme”, avait dit Olga Smirnova sur le réseau social Telegram au début du mois. “Je n’ai jamais cru que je pourrais avoir honte de la Russie [...] mais aujourd’hui je sens qu’il y a un avant et un après”, avait ajouté la “prima ballerina” de 30 ans.
“On ne se trouve peut-être pas dans l’épicentre du conflit militaire mais on ne peut pas rester indifférent face à cette catastrophe mondiale”, avait indiqué Olga Smirnova, dont le père est ukrainien.
Citée par le Dutch National Ballet, la danseuse a précisé qu’elle pensait quitter le Bolchoï depuis un moment mais que “les circonstances actuelles avaient accéléré ce processus”.
Plusieurs danseurs étrangers des troupes russes de ballet avaient annoncé leur départ en solidarité avec les victimes du conflit en Ukraine, mais Olga Smirnova est la première danseuse russe à franchir ce pas publiquement. Le soliste brésilien Victor Caixeta, qui était une étoile montante du Mariinsky de Saint-Pétersbourg, va également rejoindre le Dutch National Ballet.
Démission du directeur musical du Bolchoï
Le directeur musical du prestigieux Bolchoï Tugan Sokhiev a, quant à lui, annoncé le 6 mars quitter ses fonctions. “Je sais que beaucoup de gens attendaient que je m’exprime et que je fasse connaître ma position sur ce qui se passe en ce moment” en Ukraine, avait-il notamment écrit dans un communiqué transmis par son agent à l’AFP. “Je n’ai jamais soutenu et je serai toujours contre tout conflit sous quelque forme que ce soit”, a expliqué le chef d’orchestre.
Évoquant le ballet du Bolchoï, symbole du soft power de la Russie, Yauheni Kryzhanouski, docteur en sciences politiques et enseignant-chercheur à Sciences Po Strasbourg, expliquait récemment au HuffPost qu’il était “difficile de trouver plus proche des autorités” russes. Selon le spécialiste, les tournées de la compagnie rapportent de l’argent au président russe Vladimir Poutine.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Moscou se retrouve notamment mis au ban de la diplomatie et du monde sportif. Dans le domaine de la culture, certains artistes russes ont été écartés comme le chef d’orchestre Valery Gergiev, réputé proche de Vladimir Poutine et dont les représentations à New York et à la Philharmonie de Paris ont été annulées.
Ces “sanctions ponctuelles”, selon Yauheni Kryzhanouski inquiètent certains artistes. Dans un texte traduit par Joël Chapron transmis au HuffPost, le cinéaste ukrainien Sergueï Loznitsa, réalisateur de Donbass estime qu’“il ne faut pas juger les gens sur leurs passeports”. “On ne peut les juger que sur leurs actes. Un passeport n’est dû qu’au hasard de la naissance, alors qu’un acte est ce qu’accomplit lui-même l’être humain”, a-t-il notamment écrit, demandant “de ne pas sombrer dans la folie”.
À voir également sur Le HuffPost: Le Kiev City Ballet ovationné au Théâtre du Châtelet à Paris
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