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Les Bonnes Étoiles, Nos Frangins, les Pires... Les films à voir ou à éviter cette semaine - Le Figaro

Le périple de deux hommes en cavale avec un bébé abandonné, le retour sur la mort dramatique de Malik Oussekine en décembre 1986, des enfants «au vécu difficile» choisis pour tourner un film... Que faut-il voir cette semaine? La sélection du Figaro.

Les Bonnes Étoiles - À voir

Drame de Hirokazu Kore-eda, 2h09

Dans Les Bonnes Étoiles, Kore-eda remet sur le métier ses thèmes de prédilection : la filiation, la transmission, les relations parents-enfants. Kore-eda ne filme que la famille, soudée par les liens du sang ou non. Il la filme avec la grâce et l'âpreté qui constituent son cinéma, depuis son passage du documentaire à la fiction au milieu des années 1990. Le réalisateur nippon montre cette fois une famille en train de se constituer. Son noyau est un bébé, déposé un soir de pluie par une jeune femme devant une « boîte à bébés », box destiné à recueillir les enfants abandonnés. Les deux hommes de l'association qui le récupèrent décident de le garder. Sang-huyn (Song Kang-ho), porte-bébé sur le ventre et sourire attendri collé au visage, n'a pas le profil d'un trafiquant d'enfant. C'est pourtant ce qu'il est, patron d'un pressing endetté et roublard. Il est surveillé par deux policières qui veulent l'arrêter en flagrant délit. Les choses se compliquent quand la mère du bébé revient le chercher. Les deux kidnappeurs l'embarquent en lui proposant une part du gâteau. Ils prennent au passage un gamin et son ballon dans un orphelinat. Toute la troupe monte à bord d'un van à la recherche de clients. Un acheteur à Séoul est prêt à débourser 30 millions de wons. Le road-movie laisse ici le temps à chacun de dévoiler ses secrets et ses souffrances. É.S.

Falcon Lake - À voir

Comédie dramatique de Charlotte Le Bon, 1h40

Pour sa première réalisation, Charlotte Le Bon adapte un roman graphique de Bastien Vivès. Et chronique un été amoureux entre des adolescents. Bastien n'a pas 13 ans, mais presque 14. À cet âge, les mois ont leur importance. Cet été-là, la famille avait passé les vacances au Québec, dans un chalet au bord d'un lac, chez des amis. La fille des propriétaires avait 16 ans. Chloé racontait qu'un fantôme rôdait sous l'eau et on ne savait pas si elle plaisantait ou si elle était sérieuse. Le petit frère de Bastien les suivait partout. Ils dormaient tous dans la chambre de Chloé. Il y avait des lits superposés. Le gamin écoutait de la musique à longueur de journée, son casque sur les oreilles. Cela lui permettait de regarder Chloé sans en avoir l'air.
Ah, Chloé, avec ses longues jambes ! Elle se baigne la nuit. Il vomit parce qu'il a bu du vin rouge au goulot. Ensemble, ils font un concours : lequel d'entre eux arrivera à se mordre la main jusqu'au sang ? Il paraît que la chose est impossible. On apprend un tas de détails de ce type, dans Falcon Lake, ce premier film qui est un des plus parfaits récits d'adolescence. En adaptant Sœur, roman graphique de Bastien Vivès, Charlotte Le Bon atteint le cœur de la cible, restitue à merveille cette période où tout est à la fois possible et hors de portée, où l'on désespère de tomber un jour sur quelqu'un qui vous ressemble. É.N.

Nos frangins - À voir

Drame de Rachid Bouchareb, 1h32

Rue Monsieur-le-Prince à ­Paris, une plaque rappelle la mémoire de Malik Oussekine, étudiant tué par deux ­policiers dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 dans le cadre des manifestations contre la loi Devaquet. Le ­souvenir de sa mort violente est resté vif. Mais qui se rappelle que la même nuit un autre jeune Français d'ori­gine algé­rienne, Abdel Benyahia, fut tué à Pantin par un policier ? Quasiment personne. Replacer Abdel à côté de Malik, tel est le propos de Nos frangins. Le film de Rachid Bouchareb n'est donc pas stricto sensu un film sur l'affaire Malik Oussekine, qui secoua si violemment la société et le monde politique en 1986 dans une ­France en pleine cohabitation, mais il en offre un éclairage inédit. Nos frangins ne s'empêtre d'ailleurs pas dans les films d'archives - ici ­utilisés pour rappeler la tension de ces journées -, il se focalise sur les hommes et leurs tumultes intérieurs. À commencer par ce person­nage imaginé par Bouchareb comme le fil rouge qui fait le lien entre les deux affaires. L'inspecteur de l'IGS Daniel Mattei ­(Raphaël ­Personnaz) est de permanence cette nuit-là lorsqu'on l'envoie au contact d'un père qui attend des nouvelles de son fils, blessé au cours d'une rixe. ­Mattei est mis au jus. Le jeune a été tué par un policier ivre alors qu'il s'inter­posait dans une ­bagarre à la sortie d'un bar de Pantin.
Quelques heures plus tard, Mohamed (Reda Kateb) et Sarah Oussekine (Lyna Khoudri), inquiets de ne pas avoir de nouvelles de leur frère, finissent par se rendre à la morgue pour découvrir ­l'inimaginable : le mort de la rue ­Monsieur-le-Prince, présenté par les médias comme un phalangiste chrétien libanais, est bien Malik. Rachid Bouchareb démonte avec finesse et sans tapage la ­pelote grossière tissée à la ­va-vite à l'époque dans une atmosphère de cacophonie intense jusqu'au sommet de l'État. F.D.

Sous les figues- À voir

Drame d'Erige Sehiri, 1h32

Des Tunisiennes, jeunes et vieilles, se reposent à l'ombre de figuiers. C'est leur lieu de travail. On écoute leurs exclamations, leurs discussions de rien du tout qui disent beaucoup de leur région, agricole et lourdement patriarcale. Le patron abuse de son autorité. Les pieds dans ces champs où elles ne gagnent pas grand-chose, certaines ados - celles qui ne se cachent pas derrière leur voile - regardent vers les stations de bord de mer, d'où semble venir la belle lumière qui baigne le film. À ses actrices, des non-professionnelles, la réalisatrice venue du documentaire Erige Sehiri a demandé de rester elles-mêmes. Leur portrait est chatoyant, sensible. Il lui manque un peu de souffle. On serait bien, par exemple, parti avec elles voir à quoi ressemblent ces villes où elles imaginent leur avenir. B.P.

Les Pires - On peut voir

Comédie dramatique de Lise Akoka et Romane Gueret, 1h39

Au cœur de la cité Picasso, c'est le branle-bas de combat. Une équipe de cinéma vient s'installer pour tourner un film. À Boulogne-sur-Mer dans le nord de la France, il n'est pas rare d'entendre crier les mouettes entre deux barres d'immeubles. Les Pires commence comme un documentaire, brut de décoffrage. Face caméra, un réalisateur belge prénommé Gabriel (Johan Heldenbergh, très juste et impliqué) procède à des castings sauvages d'enfants. Les mômes défilent. Le réalisateur cherche des enfants au « vécu difficile », en décrochage sco­laire, des enfants placés ou en sortie de foyer… Bref, des brebis égarées pour la plupart, négligées par leurs parents, souvent cabossées par la vie. Quatre vont être sélectionnés pour À pisser contre le vent du nord, titre hautement improbable de ce long-métrage qui voudrait saisir la misère des quartiers défavorisés. « On dirait que vous avez choisi les pires ! », disent les gens du quartier. Pour leur premier long-métrage, Lise Akoka et Romane Gueret, anciennes directrices de casting et coachs d'enfants, jouent la carte de la mise en abyme entre fiction et réalité. Elles partent sur les traces de Truffaut, mélangeant allègrement Les Quatre Cents Coups avec La Nuit américaine. Tout pourrait être surjoué, faux, fabriqué, et pourtant, il se dégage de cette chronique humaniste sur l'enfance un parfum d'authenticité, une réelle sincérité qui touche le spectateur au cœur. O.D.

Maestro(s)- On peut voir

Drame de Bruno Chiche, 1h27

Avec élégance et savoir-faire, le cinéaste Bruno Chiche a ­orchestré la rivalité entre un père et son fils. Ils sont tous les deux musiciens. Le père, Alexandre Dumar (Pierre ­Arditi, tout en nuances, d'une sobriété ­inédite), a été un brillant chef d'orchestre qui a mené sa famille et sa vie à la ­baguette. Son grand rêve ? Que la Scala de Milan lui offre le poste qu'il convoite depuis quarante ans. En attendant, il ­assiste devant sa télévision à la remise de prix de son fils Denis (incarné par Yvan Attal avec conviction et naturel), qui reçoit une nouvelle fois une Victoire de la musique classique et qui dédie ­cette récompense à son père, absent de la salle. Les deux hommes ne se parlent plus depuis longtemps… Évidemment, le destin et un formidable quiproquo vont se charger de réunir les virtuoses. Inspiré du film israélien Footnote (2011), de Joseph Cedar, Maestro(s) joue sa ­partition sans fausse note. On l'aura compris, cet opéra familial compose une partition centrée sur deux instruments discordants et l'orchestration d'une joute filiale faite de non-dits, de silence et de regrets. L'univers lyrique sert d'écrin à cette comédie dramatique ­enlevée, même si elle ne brille pas ­forcément par une mise en scène ­audacieuse. Car l'atout majeur de ­Maestro(s), ce sont ses acteurs. Le ­plaisir de les voir se donner la réplique, le rythme syncopé de leurs ­altercations… O.D.

Le Chat Potté 2 : La Dernière Quête - A éviter

Animation de Januel P. Mercado et Joel Crawford, 1h42

Le compagnon d'armes le plus picaresque de Shrek est de retour. Après une énième équipée faite de cabrioles, de chansons et de fanfaronnades, le Chat Potté (Boris Rehlinger pour la VF, dans les bottes d'Antonio Banderas) se fait occire. Pas de panique, cependant ! Comme tous les chats dignes de ce nom, le spadassin à moustaches possède neuf vies. Mais après huit accidents, le prochain trépas du matou pourrait bien être le dernier. La rencontre d'un grand méchant loup ramène le héros félin à la raison : il remise ses bottes au placard et prend sa retraite dans un refuge. Du moins jusqu'à l'appel d'une dernière aventure. Intrigue navrante, gags inégaux, musique abyssale… une atmosphère de fin de règne plane sur ce film Dreamworks mal inspiré, malgré ses clins d'œil à Apocalypse Now et Mad Max: Fury Road. Pas de quoi fouetter un chat. S.C.

À VOIR AUSSI - Corrida: «On veut couper toutes les cultures, toutes les identités»

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