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« The Whale » : Brendan Fraser pris dans un piège suffocant - Le Monde

Charlie (Brendan Fraser) dans « The Whale », de Darren Aronofsky.

Chouchou des blockbusters des années 2000 (La Momie, George de la jungle, Voyage au centre de la Terre), Brendan Fraser s’était, depuis une décennie, lentement retiré des images. L’acteur s’avouait physiquement ruiné par ses surentraînements successifs et a avoué, à l’occasion du mouvement Metoo, avoir été traumatisé par une agression sexuelle dont il a été victime en 2003.

Adapté d’une pièce et d’un scénario de Samuel D. Hunter, The Whale recueille ce corps ruiné par la machinerie hollywoodienne pour lui offrir un come-back taillé sur mesure. Fraser est Charlie, un professeur de littérature qui, il y a longtemps, a dû quitter femme et enfant pour vivre son homosexualité. Désormais veuf, l’homme vit reclus chez lui et noie son deuil dans la nourriture et les copies de ses étudiants, à qui il tente d’inculquer l’honnêteté en littérature.

La baleine (whale) du film, c’est à la fois lui, mais aussi Moby Dick, un roman qui le hante. Alors qu’il se sait condamné par son obésité morbide, Charlie souhaite renouer avec sa fille adolescente qu’il a laissée derrière lui. Elle lui rendra visite, de même que toute une galerie de personnages qui viendront à son chevet pour offrir à l’homme une ultime rédemption.

Rituel sadomasochiste

The Whale s’ouvre sur un trou noir : dispensant un cours de littérature par Zoom, l’homme n’active jamais sa webcam, au risque d’être raillé par ses étudiants captivés par son cours. On finit par découvrir un Fraser méconnaissable, lesté de nombreuses prothèses qui en font un homme de 260 kilos on ne peut plus crédible. Le comédien traverse ici une épreuve diamétralement opposée à celles qu’a connues son corps d’action man : il se traîne douloureusement d’une pièce à l’autre, transpire abondamment, lève ses yeux humides et implorants sur sa fille venue régler ses comptes.

The Whale orchestre un véritable rituel sadomasochiste auquel nous aura habitués Darren Aronofsky, abonné aux chemins de croix pontifiants et aux métaphores lourdaudes. Le cinéaste, qui avait déjà organisé le retour de Mickey Rourke dans The Wrestler (2009), ne déroge pas à sa vision faussement implacable de l’humanité : tout court à sa perte, toute fiction vise à son propre pourrissement.

Ainsi métamorphosé, le corps de Fraser ressemble à son cinéma. Qu’il choisisse un acteur aussi fragilisé que lui ajoute à l’obscénité du dispositif. Et pourtant, dans ce piège suffocant, quelque chose se passe qui tient à Fraser, âme en enfer poussant l’engagement d’acteur jusqu’à son point de décomposition.

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