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"Il est Elle" sur TF1 : l'artiste transgenre Andréa Furet interprète une histoire qui fait écho à la sienne - Le Journal du dimanche

Elle pose pour le photographe, tee-shirt noir au-dessus du nombril, jean et baskets. Cheveux longs, regard souligné d’un trait d’eyeliner, rouge à lèvre discret, elle sourit à l’objectif, très à l’aise. Andréa Furet, 19 ans, assure la promo du téléfilm Il est Elle diffusé le 1er novembre sur TF1. Dans cette fiction, elle incarne "Juju", qui annonce à ses parents être une fille dans un corps de garçon. L’histoire fait écho à ce qu’a pu vivre la comédienne, elle-même transgenre. 

"Toute ma petite enfance, j’ai eu le sentiment d’être différente. Je ne savais pas trop comment l’expliquer. On ne parlait pas beaucoup de ces sujets-là dans les années 2000", explique-t-elle, volubile, sa silhouette longiligne calée dans un canapé. Même au passé, elle parle d’elle au féminin. Comme pour Juju dans le film, "ça toujours été Elle". En primaire, elle aimait bien jouer aux Barbies, aux Petshops, faire de la corde à sauter ou de l’élastique avec ses amies filles. Elle a toujours adoré la mode et les concours de beauté. 

Andréa Furet a fait son coming-out en juin 2019

Mais attention aux stéréotypes. Ce n’est qu’au collège, vers 13-14 ans, alors qu’elle traîne davantage avec des garçons, qu’elle se pose des questions. "Le sujet dont on parlait le plus, c’était la sexualité, se souvient-elle. Je me sentais plus attirée par les hommes mais je m’identifiais pas du tout à un homosexuel." Vers 14-15 ans, elle tombe sur le mot transidentité : "Là, ça a été comme un déclic." Mais elle ne dit rien : "Je voulais réfléchir. Je l’ai gardé pour moi pendant un an et demi." Elle ne laisse rien paraître, quand le personnage du téléfilm se scarifie. Mais au fond, elle a "un peu l’impression d’avoir une double vie, à l’intérieur et à l’extérieur". 

Elle fait son coming-out en juin 2019. D’abord, auprès de sa mère : "Je lui ai annoncé très calmement. J’avais anticipé. J’ai tout de suite eu les bons mots pour montrer que je n’avais pas le choix, qu’il fallait agir." La réaction maternelle? Andréa mime un visage incrédule : "Je me mets à la place de tout parent qui a des enfants transgenres ; c’est un peu le sol qui s’ouvre sous leurs pieds." Sandrine, sa mère, rédactrice au magazine Elle, confirme: "J’étais assise heureusement. Mon cœur battait à tout rompre. J’avais chaud. C’était un tsunami émotionnel, un cataclysme." La discussion dure plus d’une heure. Toutes deux finissent, en larmes, dans les bras l’une de l’autre, puis vont se promener en forêt, avec leur chien, pour décompresser. 

La lycéenne demande à sa mère de la laisser prévenir son père, responsable communication dans une entreprise. Elle lui envoie, quelques jours plus tard, "un long, long, long message". La réponse est un soulagement : "Je l’avais pressenti", écrit le paternel. Elle l’annonce ensuite à ses deux frères. Puis à ses amis sur Instagram. Contrairement au téléfilm, assure-t-elle, "tous ont bien réagi". 

Andréa prend des hormones sans attendre ses 18 ans

Chacun avance malgré tout à son rythme. "J’ai beaucoup pleuré au début, confie sa mère. Il a fallu du temps pour passer du 'il' au 'elle'". Ses parents ont beau respecter la volonté d’Andréa, soutenir leur fille et être fiers d’elle, ils sont inquiets. Pour sa santé. Les effets irréversibles. Son avenir professionnel. Sa vie sociale. Les enfants. "On se pose forcément des questions, reconnaît Sandrine. Moi, j’ai toujours voulu un garçon, je me suis demandé s’il y avait un lien. On culpabilise un tout petit peu, mais on devrait pas. Car c’est la nature qui est comme ça. C’est quelque chose qu’on ne maîtrise pas". Et puis, fille ou garçon, Andréa est son enfant.

"Il y a aussi cette peur de voir la personne changer alors qu’on reste toujours la même, analyse la comédienne. Des parents disent qu’ils doivent faire leur deuil. Mais il n’y a pas de mort. C’est une renaissance, à l’image de la chenille qui se transforme en papillon."

Comme la transgenre du téléfilm, Andréa a eu de la chance. A 17 ans, elle n’a pas fait sa puberté. "J’étais très androgyne, j’avais la voix de Mickey", raconte la jeune fille. Elle mesure aujourd’hui 1m80, chausse du 41, mais n’a ni barbe, ni poils. Comme le résume un médecin dans la fiction, dans ce cas, il suffit de prendre des bloqueurs : "Pas besoin de maquiller sa voix, de brûler ses poils au laser ou de se faire opérer de la pomme d’Adam." Grâce à ces médicaments, le corps se met en pause. 

Andréa, elle, saute même cette étape. Elle voit un psy et peut, avec l’accord de ses parents, prendre des hormones sans attendre ses 18 ans. Peu à peu, l’image renvoyée par son miroir change : "On vit une puberté féminine. La poitrine et les anches se forment, les traits du visage s’affinent." Les effets secondaires - sautes d’humeur, baisse de libido - ne se font pas trop sentir. La jeune fille préfère malgré tout arrêter le lycée, suivre un enseignement à distance et passer son bac L en candidat libre : "Je n’avais pas envie de faire cette transition et d’être vulnérable devant tout le monde." 

Elle s’épanouit maintenant dans son métier

Elle s’épanouit maintenant dans son métier. "J’ai toujours voulu être comédienne. ça m’est venu dès la petite enfance. Quand je jouais une pièce de théâtre à l’école, j’adorais que les gens me regardent et m’applaudissent, peut-être parce que je n’étais pas l’enfant le plus extraverti et le plus populaire". Inscrite au cours Florent depuis l’âge de 13 ans, elle continue donc sur sa voie.

Après sa transition, elle s’était dit qu’elle n’interpréterait que des rôles féminins. Mais quand son agent lui a présenté ce téléfilm sur une transgenre, elle n’a pas pu refuser. TF1, c’est quand même une grosse audience, un moyen de se faire connaître. Puis, ajoute-t-elle, cette histoire "véhicule un message de tolérance" qu’elle avait envie de partager et de porter. 

La comédienne aujourd’hui se sent bien : "Je suis enfin perçue comme ce que je suis intérieurement." Elle ajoute : "Et même, je plais…" Pour interpréter Juju en garçon, il a d’ailleurs fallu la grimer : perruque, acné, maquillage… Quand elle rencontre quelqu’un, la jolie blonde ne se confie pas forcément : "Si je me sens en confiance, je vais lui dire. Mais si ce n’est pas quelque chose de sérieux, non. Ça n’appartient qu’à moi."

Le changement de prénom, avec l’accord de ses parents, n’a pris qu’un mois. Celui de sa naissance appartient au passé. Comme ces photos d’elle, ado, où elle se trouve "moche-moche". Désormais, elle s’appelle Andréa, en hommage à son personnage culte dans Le Diable s’habille en Prada. Elle ne précise pas si elle est allée au bout de sa transition physique. Et préfère se concentrer sur la suite. Les tournages télé. Le cours Florent. "Ce serait bien d’avoir une femme Trans à Miss France, glisse-t-elle. Je tenterai…"

Il est Elle, lundi 1er novembre, 21h05, TF1.

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