Que pensez-vous de ces nouvelles disciplines créées pour être plus adaptées à la télévision ?
Je pense que c’est une évolution nécessaire. C’est un sujet tabou car le sport a fonctionné avec un modèle pendant très longtemps. Mais je pense qu’il doit s’adapter à la société. Aujourd’hui, on est «surabreuvé» de contenus. Il y a un contexte concurrentiel pour les sports. Le cinéma a fortement évolué pour coller avec son temps : le rythme, l’intensité, la bande-son, la colorimétrie… Le sport doit faire pareil tout en gardant son ADN. L’évolution doit être permanente pour garder son attractivité.
Quelle est la recette pour réussir cette évolution ?
Trois éléments sont primordiaux, je les appelle les trois “i” : intensité, immersion et imprévisibilité. L’e-sport le fait parfaitement bien. Le sport ne doit pas le copier mais en comprendre les mécaniques. Il ne faut pas forcément raccourcir les épreuves mais éviter les temps faibles, l’ennemi juré de celui qui consomme le sport. Au tennis, il y en a énormément avec les pauses serviette, vestiaire…
Le côté immersif est important. Le rugby l’a très bien fait avec le micro intégré pour les arbitres. La caméra intégrée aux maillots de football en fait partie aussi (Cologne l’a essayé lors d’un match amical contre le Milan AC le 16 juillet dernier).
L’imprévisibilité est également primordiale. Au football, il peut y avoir un but à n’importe quel moment. Le tennis doit travailler là-dessus tout en gardant l’essence de son sport. L’UTS (Ultimate Tennis Showdown, créé par Patrick Mouratoglou) est volontairement radical : quatre quart-temps, un comptage des points plus compréhensible, 3 pts si coup gagnant… Ça accélère le jeu car ça force à prendre des risques si le joueur a du retard. L’intérêt est relancé.
Les 15-24 ans regardent deux fois moins de sport en direct que les 25-40 ans. Si le produit proposé en direct est moins impactant, ils s’en passent.
L’objectif est de séduire un public plus jeune ?
Le sport doit accepter cette idée qu’il doit évoluer. Les 15-24 ans regardent deux fois moins de sports en direct que les 25-40 ans. Si le produit proposé en direct est moins impactant, ils s’en passent. L’audience moyenne du tennis est de 61 ans.
En F1, le nouveau propriétaire, Liberty Media, a respecté l’esprit tout en faisant évoluer. Il a ouvert les portes du paddock. C’est la première fois qu’on voit vraiment ce qu’il s’y passe. C’est pour ça que les documentaires marchent. Ils sont diffusés sur des plateformes qui parlent aux jeunes. Et ils sont plus intéressants que certaines courses. C’est une arme offensive pour aller chercher un public plus jeune.
Avant, sans TV, vous n’existiez pas. Maintenant, ce n’est pas l’unique moyen pour communiquer. Créer sa plateforme est accessible et des disciplines anciennes peuvent se réinventer.
Est-il possible de réaliser de tels changements sans dénaturer le sport ?
Oui. Il y a besoin de conservateurs pour éviter de faire des erreurs, pour rester dans l’ADN du sport. Mais il ne faut pas rester dans l’immobilisme car c’est la mort. Il faut toujours privilégier les instances qui gouvernent pour ces transformations. La Coupe Davis, par exemple, est en grande difficulté. Rien n’a été fait pour la faire évoluer et elle a été vendue à quelqu’un qui n’a rien à voir avec son histoire.
Les sports moins médiatisés ont-ils une chance de gagner en visibilité ?
C’est compliqué de se faire une place pour les sports peu médiatisés. Si vous n’êtes pas un sport riche, vous n’êtes pas filmé correctement. Ils sont souvent peu télégéniques et leur format évolue peu. Mais, de nos jours, il y a de nouvelles possibilités. Avant, sans TV, vous n’existiez pas. Maintenant, ce n’est pas l’unique moyen pour communiquer. Créer sa plateforme est accessible et des disciplines anciennes peuvent se réinventer.
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